Présentation presse – Journees Mondiales de L’art Topiaire
1ères JOURNEES MONDIALES de L’ART TOPIAIRE 12 > 15 mai 2022
Présentation presse vendredi 11 mars à 18h au Cercle de l’Union Interalliée à Paris L’association EBTS France et Levens Hall, (UK) créent «Journées Mondiales de l’Art Topiaire» du 12 au 15 mai 2022. Pendant quatre jours, près de 150 jardins vont proposer des animations dédiées à cet art du jardin méconnu : visites guidées, conférences, démonstrations de taille, conseils botaniques, expositions… Levens Hall, au Royaume Uni, est le plus ancien mais aussi le plus étonnant jardin de topiaires du monde avec plus de 100 sujets monumentaux de style très varié, voire fantasmagorique. Ce jardin a été créé par le jardinier français Guillaume Beaumont en 1694, grâce aux compétences acquises auprès d’André le Nôtre, à Versailles. En France, le plus ancien jardin de topiaires est le Jardin des Ifs à Gerberoy dans l’Oise, témoignage unique de l’art topiaire à la Renaissance ordonné dans un jardin classique à la française. Labellisé “Jardin Remarquable”, son If Igloo, sculpture végétale monumentale surprenante et d’autres topiaires géants sont classés “Arbres remarquables”.
L’ART TOPIAIRE, LA RÉINVENTION DES VÉGÉTAUX
Originellement le terme grec de topia (dérivé de topos, le lieu) désigne une catégorie de peinture, celle de paysages à la fresque, scènes sacrées ou idylliques, figurant dans le péristyle des maisons privées ou des monuments publics. Chez les romains, un glissement de sens va se produire, le topiarius devenant le technicien chargé de l’entretien des jardins d’agrément, qui tire justement son nom de ces sources iconographiques où il va chercher l’inspiration pour les transposer dans l’espace tridimensionnel des jardins.
L’art topiaire consiste à conduire un végétal ligneux, sempervirens ou herbacé, principalement par la taille, ou encore l’accolage et même le greffage. De nombreuses plantes, à petites feuilles et à port compact, se prêtent à ces pratiques, surtout le buis, mais aussi l’if, le laurier, le cyprès, les myrtes, etc.
Les topiaires, artefacts vivants, résultant de ces techniques horticoles peuvent adopter, dans un but décoratif, des formes très diverses relevant de l’architecture (pergolas, palissades, bosquets), de la sculpture selon des figures variées (géométriques, abstraites ou figuratives) ou encore d’autres pratiques artistiques, comme la broderie (parterres). Les topiaires effectuées par la taille, principalement à l’aide de cisailles, sont dites « en taille directe ». Le cordeau et le fil à plomb permettent d’obtenir des surfaces planes, tandis que des gabarits aux profils très variés, et même des patrons, aident à réaliser des volumes et des tracés plus complexes.
Déjà, très perfectionnées dans l’Antiquité chez les romains, comme l’explique Pline le Jeune qui parle à leur sujet de nemora tonsilia, ces techniques se sont transmises à travers les siècles dans l’art des jardins de l’Europe entière. Mais on trouve aussi des formes topiaires dans ceux de la tradition arabe ou persane, ou, plus lointains, de la Chine et du Japon (taille en nuages ou Niwaki).
À la Renaissance, l’art topiaire connaît un renouveau éclatant en Italie, tant dans les demeures toscanes des Médicis, que dans les jardins du pape au Vatican ou encore à la villa d’Este où il permet de souligner les terrasses, d’habiller les pergolas et de mettre en forme quatre grands labyrinthes réguliers. À la même époque, qu’il s’agisse de la France (Androuet du Cerceau), de l’Angleterre ou des Pays-Bas (Vredeman de Vries), les dessinateurs de jardins multiplient les recueils de modèles de parterres où, tantôt ils combinent des compartiments géométriques, tantôt ils imaginent d’élégants entrelacs (Knot gardens), tous réalisés à base de végétaux variés.
L’Europe du XVIIe siècle, héritière de ce riche vocabulaire formel et de ces savoir-faire techniques sophistiqués va les porter à leur plus haut degré de perfection. Bien sûr, ici, s’impose le modèle du «jardin français» régulier où l’art topiaire devient le vecteur principal de son inscription dans l’espace, qu’il s’agisse des grandes structures organisant les bosquets ou du raffinement des ornements (parterres de broderies, virtuosité plastique de la taille des ifs). L’exemple de Versailles et la mémoire d’André Le Nôtre, son génie tutélaire, vont se perpétuer pendant des décennies pour perdurer jusqu’à nos jours. Aux XVIIIe et XIXe siècle, l’invention du style pittoresque, dit « à l’anglaise », et la diffusion des jardins paysagers occulteront ce goût pour une nature harmonieusement géométrisée, jugée désormais trop soumise à la maîtrise humaine.
Avec la réinterprétation des « jardins à la française » à la fin du XIXe siècle (Achille Duchêne) et l’irruption de la Modernité (André Véra) dans le monde des jardins (Arts déco, Cubisme, etc.), l’art topiaire fait un retour remarqué. De grands paysagistes du XXe siècle, comme l’Italien Pietro Porcinai, le Danois Carl Theodor Sorensen ou le Belge Didier Wirtz ont, à leur tour, su inventer un vocabulaire topiaire d’une grande originalité.
De nos jours, la question de la taille directe se pose. Et des spécialistes de l’horticulture, comme des concepteurs de jardins, imaginent une alternative, véritable avenir biologique de l’art topiaire, grâce aux techniques d’avant-garde de l’hybridation.